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L’éjaculation prématurée, un réflexe naturellement trop vif

En 1948, un rapport sur la sexualité des américains rapportait un fait largement oublié depuis : les trois quarts des 6 000 hommes interrogés disaient éjaculer moins de 2 minutes après le début de la pénétration. Autant dire la normalité statistique. Aujourd’hui, les exigences sont telles qu’il est presque surprenant de n’avoir qu’un homme sur trois frappé d’éjaculation prématurée (encore appelé éjaculation précoce ou rapide). Le fait est que les sexologues peinent à se mettre d’accord sur une définition. Pas facile à vrai dire de déterminer à partir de quel seuil un réflexe deviendrait anormal ! Surtout lorsque ce seuil concerne l’excitation sexuelle.

Comme tous les réflexes de l’organisme, le réflexe d’éjaculation se déclenche dès lors qu’un certain seuil d’excitation est atteint. Excitation sexuelle à la fois mentale et sensorielle en l’occurrence. C’est donc du pénis mais aussi du cerveau dont on parle, puisque c’est là qu’aboutissent les informations fournies par nos cinq sens (pas seulement le toucher) et là que naissent pensées et émotions.

Point de non-retour

En pratique, lorsque l’homme perçoit une tension rapidement croissante, au niveau de sa prostate, il sait que l’éjaculation est imminente. Cette brusque montée de l’excitation, véritable point de non-retour, se produit d’ailleurs également chez les femmes, juste avant l’orgasme. Notons que l’orgasme prématuré féminin n’a jamais inquiété les sexologues. Il est vrai que cela n’empêche pas la poursuite de la pénétration. Or, beaucoup de couples centrent leur sexualité sur celle-ci. Pour beaucoup d’hommes, c’est souvent la pénétration, riche en stimulations sensorielles du pénis et en contenu symbolique, qui provoque l’éjaculation.

Cependant, de nombreux couples adaptent leur sexualité à la rapidité avec laquelle l’homme s’excite, sans que cela ne leur pose aucun problème. À noter que dans les couples où l’éjaculation trop rapide pose un problème, les partenaires se disent souvent moins gênées par la rapidité de l’éjaculation que par le comportement inapproprié de l’homme après celle-ci : arrêt des activités érotiques, désinvestissement émotionnel, agressivité, culpabilité, etc. Mais comment faire si l’éjaculation pose un problème au couple ?

Apprendre à maîtriser son excitation

Les stratégies d’entraînement possibles reposent toutes sur le principe suivant : le réflexe éjaculatoire est incontrôlable mais l’excitation l’est en partie. Avec un peu d’entraînement, il est ainsi possible pour les hommes qui le souhaitent de retarder le moment de l’éjaculation en jonglant avec leur excitation. L’objectif est d’abord de reconnaître finement l’approche du point physiologique de non-retour. Il s’agit ensuite de parvenir à faire baisser son excitation. Pour cela deux leviers sont possibles.


Premièrement, le levier sensoriel : il vise à réduire les stimulations sensorielles trop excitantes. Une consultation chez un thérapeute ou un coach de couples formé à la sexologie peut aider à apprendre les exercices efficaces.


Le second levier, le plus important, repose sur la maîtrise de l’excitation. Il s’agit de réorienter l’attention vers moins d’excitation en se concentrant sur autre chose. Certains hypnothérapeutes proposent aussi de travailler sur des images mentales liées au ralentissement.

Enfin, des médecins sexologues recourent parfois à des médicaments, notamment antidépresseurs, ou à des crèmes anesthésiantes appliquées sur le gland, pour ralentir le réflexe, au détriment des sensations érotiques.

Quelle est la durée normale d’un rapport sexuel ?

Il est difficile de mesurer la durée d'un rapport sexuel, car les couples peuvent avoir tendance à la surévaluer. Cependant, pas besoin d’être scientifique pour se poser la question. Appuyé contre la tête de votre lit après un coït bien trop court à votre goût, vous vous êtes peut-être déjà demandé : quelle est la durée normale d’un rapport sexuel ? Eh bien sachez que les scientifiques se posent la même question. Ils se contentent de la formuler différemment, d’une façon obscure et presque comique : quelle est la durée moyenne de latence de l’éjaculation intravaginale ?

Bien sûr, le sexe ne se résume pas à l’introduction d’un pénis dans un vagin et à une éjaculation. Mais il peut être difficile de déterminer ce qui en fait partie, ou pas. Faut-il compter, ou pas, les préliminaires et si oui lesquels ? Dans un souci de simplicité et de précision, nous nous concentrerons donc sur la période allant de la pénétration à l’éjaculation. Comme mesurer sa durée moyenne n’est pas une mince affaire, pourquoi ne pas demander directement aux gens combien de temps ils mettent, me direz-vous ? Eh bien, cette méthode poserait deux problèmes majeurs. Tout d’abord, les estimations données risqueraient d’être surévaluées. Il est socialement tentant, en effet, de prétendre que vos ébats se sont poursuivis jusque tard dans la nuit.

Ensuite, on n’est pas forcément capable de dire combien de temps cela a duré. Le sexe n’est, en principe, pas une activité pendant laquelle nos yeux sont rivés sur le réveil posé sur la table de chevet. Or, fournir une estimation sans aucune assistance peut se révéler difficile si l’acte a été particulièrement exaltant.

500 couples se sont chronométrés

La meilleure étude, parmi celles qui ont cherché à estimer la durée moyenne de la période menant à l’éjaculation dans la population générale, a été menée auprès de 500 couples originaires de divers endroits de la planète. Ceux-ci devaient mesurer, à l’aide d’un chronomètre, la durée de leurs relations sexuelles pendant une période de quatre semaines. Oui, vous avez bien lu : aussi bizarre que cela puisse paraître, les participants devaient appuyer sur le bouton start au moment de la pénétration du pénis, puis sur le bouton stop lors de l’éjaculation. Vous objecterez sans doute qu’une telle action est susceptible d’influencer l’humeur des participants, qu’elle ne rentre pas vraiment dans l’ordre naturel des choses. Mais il est rare que la science atteigne la perfection, et cette méthode est la meilleure trouvée.

De 33 secondes à… 44 minutes !

Mais alors, pour quels résultats ? Le principal enseignement est que ceux-ci varient considérablement d’un couple à l’autre. La moyenne de chaque couple (calculée à partir de tous leurs rapports sexuels pendant la période de quatre semaines) va de 33 secondes pour la durée la plus courte, à 44 minutes (soit 80 fois plus !) pour la plus longue.

Il est donc clair qu’il n’y a pas une durée normale pour le rapport sexuel. La durée moyenne (médiane en fait, techniquement), mesurée à partir de celles de tous les couples, s’élève à 5,4 minutes. Ce qui signifie que, si l’on classe tous les couples participants, du rapport sexuel le plus court jusqu’au plus long, celui du milieu arrive à une moyenne de 5,4 minutes sur cette période de quatre semaines.

L’étude a également dégagé quelques enseignements secondaires. Par exemple, l’usage de préservatifs ne semble pas avoir d’effet sur la durée du rapport, pas plus que la circoncision éventuelle chez l’homme. Ces résultats ont le mérite de remettre en cause quelques croyances traditionnelles quant à la relation entre la sensibilité du pénis et son efficacité au lit.

L’origine géographique n’a pas beaucoup d’influence non plus, mis à part pour les couples turcs, dont les rapports semblent être sensiblement plus courts (3,7 minutes) que ceux des autres pays concernés (Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni et États-Unis). L’âge des participants, en revanche, n’est pas neutre : plus un couple est âgé, plus les relations sexuelles sont courtes, contrairement à l’idée reçue (certainement colportée par des hommes d’un certain âge).

Cette expérience montre que les mouvements répétés de l’homme pourraient avoir pour objectif d’éloigner le sperme laissé par d’autres hommes, et ainsi de s’assurer, au moment de l’éjaculation, que ses petits nageurs auront les meilleures chances d’atteindre l’ovule les premiers. Ce phénomène pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi l’homme éprouve de la douleur lorsqu’il poursuit ces mouvements après l’éjaculation : il risquerait alors d’évacuer son propre sperme.

Alors, que déduire, finalement, de tous ces résultats ? Si je peux vous donner un conseil, essayez de ne pas trop y réfléchir au beau milieu de vos ébats amoureux.

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