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Thérapie compassionnelle

Le débat fait rage entre ceux qui accueillent et acceptent les sentiments de compassion qu'ils éprouvent forcément parfois au détour de leur pratique professionnelle, et ceux qui répriment, refoulent ces sentiments, voire les nient. La neutralité bienveillante n'existe pas. Un entraînement spécifique peut permettre de mettre à distance ses émotions, non de les abolir. Je ne vois pas en quoi pratiquer la seule empathie sans laisser de place à la compassion permettrait mieux d'agir, de garder son calme, d'être en "posture de faire son travail".

Je pense qu'au contraire, c'est en acceptant cette émotion et en la comprenant qu'on pourra continuer à apporter au patient ce qu’il attend, en toute sérénité. La distance professionnelle n’a rien à voir avec le fait d’accepter ses émotions. Si un thérapeute a peur de ses émotions, c’est qu’il a des raisons pour cela. S’il suit une thérapie compassionnelle, il pourra mieux comprendre ses réactions, en profondeur. Il faut pour cela qu’il accepte de lâcher ses anciens à priori, y compris ceux contractés au détour d’une thérapie d’inspiration freudienne ou a fortiori lacanienne car ces approches ferment plus qu’elles n’ouvrent la voie de la compréhension de ces affects profonds.

Vous ne pouvez pas dire à propos de l’empathie (par opposition à la compassion) : c’est l’attitude que le psychologue choisit d’adopter vis-à-vis de son patient. Beaucoup de psychologues (et de psychothérapeutes) adhèrent à des approches différentes. Il n’y a pas d’approche à priori supérieure aux autres. Dans la mesure où les écoles psychanalytiques freudiennes ou du champ freudien ne représentent qu’une infime partie des courants existants à la disposition des usagers, on ne peut pas réduire l’attitude du psychologue à l’attitude non compassionnelle préconisée essentiellement par la psychanalyse (freudienne ou lacanienne).

N’ayant pas fait les preuves de son efficacité, il est important de préciser aux gens qu’elle a déçus, qu’ils peuvent se tourner vers d’autres formes de thérapies, et pas seulement les thérapies cognitivo-comportementales : hypnose, thérapies stratégiques, thérapie pleine conscience ou autres techniques centrées sur la compassion. Il s’agit de prises en charge interactives, respectueuses des patients, des objectifs pouvant être précisés et atteints assez rapidement. De plus, le travail pourra être très profond dans certains cas, surtout pour les thérapies compassionnelles justement.

Jung a décrit la psychologie des profondeurs. Il a exploré le fond de l’âme, sans court-circuiter les aspects les plus intimes, à commencer par le spirituel (et l’amour qui lui est indissociable). Cette voie l’a écarté définitivement de Freud. Freud était de son temps. Jung avait peut-être un siècle d’avance.

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