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Il suffit de changer le regard

Un peintre honoré à la cour du Japon avait deux chats. Le premier était un gros chat roux, une brute de l’espèce, un monstre, un géant, les oreilles couturées, un œil en bandoulière, et avec cela des griffes énormes, qui, même au repos, semblaient des cimeterres. Effrayant ! Il y avait aussi une petite chatte crème, avec un museau pointu ourlé de blanc, des yeux bleus innocents, une queue de gentil écureuil.


Or, ce matin-là, un ami rendait visite au peintre. Après avoir admiré ses œuvres les plus récentes, et une ancienne, le mont Fuji Yama coiffé de neige, qu’il contemplait toujours avec délectation, il remarqua par hasard deux ouvertures, l’une grande, l’autre petite, au bas de la porte de l’atelier.

- À quoi te servent ces curieuses aérations dans ta porte ? questionna l’ami en plaisantant.

- Vois-tu, j’ai deux chats, expliqua le peintre, et il décrivit avec complaisance le caractère et les habitudes de ses animaux familiers.


Il conclut :

- Le grand trou est pour le chat roux, le petit pour la gentille chatte siamoise.

- Mais, dit l’ami en riant, ne crois-tu pas que la petite chatte pourrait aisément passer par le grand trou ?

- C’est vrai ! s’exclama le peintre. Ma foi, je n’y avais jamais pensé !

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