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Le cheval et le renard

Un jour, un vieux cheval s'en va tristement sur le chemin. Son maître, estimant qu'il n'était plus bon à rien et n'avait que faire de le nourrir inutilement, l'avait chassé.

Le voilà sans abris, sans nourriture, avançant, lentement et pensivement, lorsque qu'il croisa un renard.

Celui-ci lui demanda où il s'en allait ainsi avec ce regard perdu.

- Hélas ! Je ne vaux plus rien et mon maître, ne se souvenant plus de mes années de bons et loyaux services, m'a congédié de l'écurie.

- Comme cela ? se désola le renard.

- Oui, et il a ajouté que je pourrais revenir si j'étais assez fort pour lui ramener un lion ! Moi ! Ramener un lion !

- Attends voir, tu me donnes envie de t'aider, dit le renard. Ne bouge plus. Couche toi par terre et fais le mort. Je reviens.

Le renard fila alors tout droit à la tanière du lion.

- Lion ! J'ai vu un cheval mort sur la route qui peut faire un véritable festin. J'ai pensé à toi. Viens avec moi, je vais t'y conduire.

Le lion acquiesça et suivit le renard.

Près du cheval inerte, le renard lui dit :

- Lion, tu seras bien plus tranquille chez toi pour le manger. Sais-tu ce que nous allons faire ? Avec les crins de sa queue, je vais te l'attacher et tu pourras ainsi le trainer jusque dans ta tanière.

- Entendu, dit le lion.

Le lion se tient bien sage pendant que le renard s'active. Avec la queue du cheval, il entrave les pattes du fauve solidement puis se penche à l'oreille du cheval :

- Allez mon ami, en avant !

Le cheval se dresse alors d'un bond et, s'en écouter la fureur du fauve, le traine vaillamment à travers champs jusqu'au seuil de la maison de son maître, ébahi :

- Ça alors ? Tu l'as fait ? Pardonne-moi ! Je te garde. Tu n'as peut-être plus de muscle mais tu as du nerf. Restons ensemble.

Depuis ce jour et jusqu'à sa mort, le cheval eut toujours son écurie propre, son apaisement d'avoine, son content de fourrage, sa caresse et son sucre. Il avait suffi qu'on lui dise à l'oreille :

- Allez mon ami, en avant !

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